Solo Sunny

>> Présenté par Agnès Wildenstein, programmatrice.

 

« La figure emblématique de la période est sans doute la chanteuse de Solo Sunny, le chant du cygne de Konrad Wolf. [Le cinéaste] déclare raconter “l’histoire d’une jeune femme qui cherche son propre moi et la concrétisation de ses aspirations”. Rythmée par des chansons et portée par des images tantôt réalistes tantôt poétiques du documentariste Eberhard Geick, c’est une ode à la liberté de l’individu en général et de l’artiste en particulier, mais dans une complainte sur la solitude et les incertitudes de l’existence. (...) Le film étonne, car il décrit des caractères, un milieu professionnel et des lieux bien éloignés du quotidien socialiste. Wolf change de registre, délaissant l’antifascisme pour une problématique résolument contemporaine, ce qui constitue de sa part un signal politique et social. Comme le reconnaît [le scénariste], Solo Sunny cherche à compenser “le déficit de débat public” en RDA, à encourager la communication entre la culture et le pouvoir, entre les générations, entre les citoyens. Au lieu d’un activisme dédié à la collectivité ou de militants combattant les forces réactionnaires, Wolf choisit des marginaux, des paumés, des individualistes. Cette préférence est déjà en soi une prise de position. »

Cyril Buffet, Défunte DEFA : histoire de l’autre cinéma allemand, 2007.