38e édition Sophie Letourneur

Masterclass - Sophie Letourneur

Sophie Letourneur

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Présentation Fabbrica x Masterclass

De Sophie Letourneur, il serait tentant de brosser le portrait d’une réalisatrice un peu punk, à l’image de ses films. D’imaginer des projets improvisés entre potes, tournés sur un coup de tête avec les moyens du bord, sur ordre d’un capitaine de navire aussi éméché que son équipage. Jusqu’à ce que Gaby Baby Doll et Enorme y introduisent des acteurs de métier, il faut dire que le cinéma de Sophie Letourneur ne faisait rien pour démentir cette réputation. Interprétés par des amateurs, souvent inspirés de situations personnellement vécues par la réalisatrice (La tête dans le vide, La Vie au Ranch), parfois même rejouées (Le Marin masqué) ou surgis d’événements bien réels (Les Coquillettes, tourné pendant le festival de Locarno alors qu’elle y présentait Le Marin masqué), les films semblent toujours bricolés mais gracieux quand même – plus exactement, touchés par la grâce du bricolage. Un cinéma qui mettrait un point d’honneur à ne pas faire comme les autres, à désobéir aux conventions du naturalisme, du professionnalisme et du sérieux de la fiction, pour montrer ce que personne d’autre ne regarde. Ici, des filles qui se coupent la parole pour ne rien dire d’important ; là, des bruitages tellement artificiels de choses tellement banales (des flageolets en boîte, un paquet de chips) qu’ils en deviennent burlesques ; et puis, un accouchement dans sa durée sous le regard d’un garçon très fantasque, rendu soudain muet par le choc d’une naissance – aujourd’hui, qui d’autre peut se vanter d’avoir réduit au silence Jonathan Cohen, l’acteur le plus loquace du cinéma français ?

Accompagnée de Laetitia Goffi, sa collaboratrice de longue date, Sophie Letourneur revient avec nous sur la fabrication de ses films. L’occasion de découvrir de précieux documents mis à disposition par la réalisatrice, fruit d’un travail en plusieurs étapes et d’une méthode très éloignée, par sa méticulosité, de l’image échevelée qu’elle se donne, à travers ses films. L’occasion, autrement dit, de démentir quelques idées reçues. Qui a dit qu’il n’existait pas de discipline dans l’insolence ? De savoir-faire dans la désobéissance ou de précision dans la comédie ? Qui pense sérieusement qu’il suffit de laisser tourner une caméra devant une bande de copains pour faire un film de Sophie Letourneur ? Ou devant Jonathan Cohen pour qu’il soit drôle ?

Adrien Dénouette

en présence de Sophie LETOURNEUR et Laetitia GOFFI
et co-animé par Quentin MEVEL - critique, auteur, réalisateur, et Adrien DENOUETTE - critique, auteur

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