Cairo Streets

Abdellah Taïa a publié aux Éditions du Seuil plusieurs romans, dont L’Armée du Salut qu’il adapte en 2014 pour sa première réalisation, sélectionnée à la Mostra de Venise. En 2024 il réalise un deuxième long métrage, Cabo Negro.

Le mot du comité de sélection : 
Des images vidéo de 2007, au Caire. Abdellah cherche Omar dans les rues, les cafés, les métros, derrière chaque visage. L’amour qui le guide dans sa quête devient l’amour diffus du filmeur pour tout ce qu’il rencontre, l’amour qui bat quelque part dans la foule et qui s’invite dans les plans, l’amour qui préside au cadre et à l’intérieur du cadre. La caméra fureteuse d’Abdellah Taïa lève un voile sur la capitale égyptienne, fourmillante de fictions possibles, de pudeur et de sourires offerts, et la ruche bourdonnante est comme transfigurée d’accueillir ainsi placidement la traque fiévreuse ou la mélancolie de l’amoureux – dans un pays où l’homosexualité demeure illégale, mais qui est aussi celui de Youssef Chahine, rencontré un an avant sa mort, figure protectrice dans le film. Geste brut, rayonnant et simple, où par les seules opérations de l’enregistrement et d’une impulsion féconde donnée au montage (cette trame fictionnelle aussi légère qu’une plume), un petit pan du monde est rendu à son épaisseur palpitante, vivante.

Florence Maillard