Sweetie

En 2020, Zoé Filloux réalise un premier film Wadi Jhannam, qui remporte le Prix du public Médiapart au Cinéma du Réel. Dans Sweetie, Zoé filme à nouveau ses proches en s’intéressant à leur contexte de travail. 

Le mot du comité de sélection : 
Zoé Filloux dresse le portrait de son amie Dona et des performeuses d’un théâtre érotique parisien, au rythme de la préparation et des répétitions de leurs numéros de strip-teases. Il y a quelque chose de profondément juste dans la manière qu’a la réalisatrice de filmer les corps, jamais sexualisés, jamais essentialisés, alors même que tout le commerce du lieu repose sur la mise en spectacle du corps féminin. En s’emparant avec habilité des contraintes du réel, et en prenant le parti de confiner le film entre les murs étroits des coulisses du cabaret, le film se cantonne à l’envers du décor. Ainsi, on reste toujours du côté de celles qui incarnent, et jamais du côté des clients qui les regardent — et les fantasment; bloquant de fait toute incursion possible de voyeurisme. La seule fenêtre vers l’extérieur réside dans un écran de surveillance qui diffuse en direct la salle où se déroulent les shows, révélant ainsi les silhouettes floues des spectateurs du lieu. Le film triomphe par cette inversion, dans laquelle c’est nous qui épions les clients qui se succèdent, sans jamais les laisser devenir personnages. 

Rose Hirgorom