Zucchini

Miles Emanuel est un acteur et réalisateur new-yorkais. Il partage l’affiche de Funny Pages d’Owen Kline - présenté à la Quinzaine des Cinéastes en 2022. Il a visionné plus de dix mille films ; voilà le premier qu’il réalise. 

Le mot du comité de sélection : 
Lukas, jeune cinéphile un peu nerd, tourne son premier film et entraîne pour ce faire ses deux amies Willa et Fletcher (Clara Barnstone et Matilda Fleming, déjà vues dans Christmas Eve in Miller’s Point de Tyler Taormina) dans un road trip DIY complément halluciné, et un peu bancal, entre Austin et la Nouvelle-Orléans. Zucchini, c’est beaucoup une histoire d’obsessions. L’obsession boulimique de Lukas pour le cinéma, que l’on devine aisément comme un double fictionnel, légèrement ridicule, du cinéaste lui-même — qui signe là son premier long. L’obsession d’une image, un panoramique entre un hélicoptère et un joueur de saxophone dans un film hongrois de 1987 (Season of Monsters de Miklós Jancsó). L’obsession, encore, d’une esthétique : celle des années 80, ses halos orangés, son léger côté camp et ses nappes de synthé Lynchien vaporeux. Et puis l’obsession d’un geste : un plan sur des pieds peut-il transmettre autant d’émotions qu’un plan sur un visage ? Pour Lukas, malgré les réticences de ses deux amies, c’est une évidence : « Il faut raconter toute l’histoire, donc, il faut raconter tout le corps » — les pieds compris. Et alors qu’il cherche, au gré du voyage, ses aspirations propres de cinéma, Miles Emanuel lui, trouve le sien: un cinéma capable de faire surgir de l’émotion brute d’un simple plan, panoramique, de la tête aux pieds.

Rose Hirgorom