Dry Leaf

Alexandre Koberidze étudie la réalisation à l’Académie allemande du film et de la télévision de Berlin où il signe plusieurs courts métrages ainsi que le long métrage Let Summer Never Come Again, qui reçoit le Grand Prix au FIDMarseille en 2017. Son film de fin d’études, Sous le ciel de Koutaïssi, présenté à la Berlinale en 2021, est sélectionné à Entrevues. Dry Leaf est son troisième long métrage de fiction. 

Le mot du comité de sélection :
Le décor planté par Dry Leaf est un brin trompeur ; le film semble de toute façon sorti d’un true crime : une enquête dans les montagnes géorgiennes – un père sur les traces de sa fille disparue –, tourné dans une très basse résolution qui appelle à notre méfiance contemporaine pour le gros grain numérique, avec un argument sonore hitchcockien (c’est un motif minimal et très rapide au piano qui ouvre et rythme une partie du film). Sauf que Alexandre Koberidze décide d’absenter les traces les plus sensationnelles du feuilleton policier pour s’en remettre à un dialogue entre un père volontariste et la mémoire trouée de l’ami de la disparue, travaillant son suspens à l’abri de tout péril mais usant de l’attention décuplée de ses enquêteurs pour faire surgir des présences éthérées et faire vivre des fantômes dans une campagne rendue merveilleuse. Et contrairement à la sécheresse annoncée par ce titre – qui tire son nom d’un type de coup franc dans lequel le ballon retombe à la verticale, à la manière d’une feuille morte –, on est face au plus joueur des films. 

Pierre Guidez