Still Playing

Après avoir étudié les sciences politiques et l’histoire du cinéma, Mohamed Mesbah sort diplômé de la CinéFabrique en montage en 2018. Still Playing, son premier film, a fait sa première mondiale à Locarno.

Le mot du comité de sélection : 
« Mais qui nous attaque exactement ? Je ne comprends pas » Dans des vidéos postées sur Youtube entre 2017 et 2020, des streamers testent et commentent en live le jeu vidéo Liyla and the Shadows of War (2014) qui relate l’expérience de la guerre d’une petite fille en Palestine. Quelques années plus tard en Cisjordanie (été 2024), Mohamed filme Rasheed (le créateur du jeu) et ses deux fils dans leur réalité quotidienne de la guerre et de l’occupation, réalité dans laquelle chaque paysage, chaque silence et chaque corps est empreint, inévitablement, des fantômes du souvenir et de la peur toujours latente du surgissement de la violence. Sur l’ordinateur de Rasheed, des images du génocide nous parviennent de Gaza, et dehors, la menace des raids de l’armée israélienne est omniprésente. Comment continuer à vivre une vie normale, voir grandir ses enfants, dans un lieu où l’horreur est telle ? Rasheed trouve un refuge temporaire dans la création et la conception de ses jeux vidéos: « On peut comprendre une machine, mais on ne peut pas comprendre un être humain » dit-il. Comme s'il y avait quelque chose de rassurant dans l’informatique, là où tout est contrôlable, mathématique, explicable, réparable, jouer devient alors un acte de résistance. Et une simple ligne de code informatique entrée par Rasheed dans son logiciel révèle toute la formule poétique du film, comme une ligne de fuite dans un paysage dévasté:  "{else} // Keep moving" — Still Playing.

Rose Hirgorom